Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO réunis en session extraordinaire ce samedi 24 février 2024 à Abuja (Nigeria) ont décidé la levée d’une grande partie des sanctions infligées au Niger. Ces mesures interviennent au moment où le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont déjà annoncé leur sortie de l’institution qui pour eux est devenue une menace pour ses membres.
Selon le journaliste Serge Daniel, le président togolais Faure Gnassingbe a pesé dans la levée des sanctions contre le Niger. Il aurait lors des discussions à huis clos demandé la levée sans condition des sanctions et pris l’engagement de travailler pour le retour du Mali, du Burkina et du Niger au sein de l’institution.
« Pour poursuivre les discussions avec le Niger, il fallait faciliter à la tâche à des pays comme le Togo qui a ses entrées dans ces trois pays, pour faciliter la tâche pour un retour au sein de l’institution. C’était nécessaire, quasi inévitable de lever les sanctions. Lors du huis clos, le président du Togo a demandé de lever les sanctions sans condition et ensuite il s’est engagé à travailler pour que ces pays reviennent au sein de la CEDEAO », a déclaré Serge Daniel, correspondant de TV5 Monde.
Concrètement, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lève les sanctions financières, énergétiques et annonce la réouverture des frontières et de l’espace aérien. Les sanctions individuelles sont par contre maintenues.
Mission difficile
Connu pour ses capacités à résoudre les crises dans la sous-région et plus particulièrement dans les pays du Sahel, Faure Gnassingbe pourrait-il une fois de plus réussir là où ses pairs ont échoué ? En effet depuis le début de la crise au Niger, au Mali et au Burkina Faso, Faure Gnassingbe a toujours plaidé pour le dialogue et l’accompagnement des pays précités pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. S’il a réussi à faire libérer les 49 mercenaires ivoiriens au Mali, il lui sera beaucoup plus difficile de faire revenir le Mali, le Burkina Faso et le Niger au sein de l’institution. Evoluant désormais au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ces pays ont clairement indiqué le caractère irréversible de leur décision. Ils ont également refusé d’observer le délai de préavis prévu par les textes de la CEDEAO.
Ils justifient leur attitude par le comportement de la CEDEAO qui a brillé ces dernières années par la violation quasi systématique de ses propres textes. En effet, les sanctions à durée interminée portant sur la fermeture des frontières, la coupure d’électricité et autres ne figurent dans aucun texte de l’institution selon les autorités du Niger. Faure Gnassingbe ferait déjà un exploit s’il parvenait à faire venir les dirigeants des pays de l’AES lors de la prochaine session des chefs d’Etat de la CEDEAO.
Selon certains analystes, le Niger, le Burkina Faso et le Mali privilégieront désormais des rapports bilatéraux et des rapports d’institution à institution (AES-CEDEAO) avec leur ancienne famille.