Le 3 mai 2024, le Togo a officiellement basculé dans une nouvelle ère politique avec la promulgation de sa Vème République. Ce changement constitutionnel, acté par le président Faure Gnassingbé, redessine en profondeur le paysage institutionnel du pays. Exit le régime présidentiel, place désormais à un parlementarisme inédit, marqué par une centralisation sans précédent du pouvoir.

Première révolution

Les Togolais ne voteront plus pour leur président. L’élection du chef de l’État revient désormais au Congrès (députés + sénateurs), institution largement acquise à l’Union pour la République (UNIR), parti dominant. Mais le Président de la République devient une figure protocolaire. Le véritable pouvoir est entre les mains du Président du Conseil des ministres, sorte de Premier ministre tout-puissant, désigné par la majorité parlementaire. Il dirige l’exécutif, commande les armées, nomme, dissout, oriente.

Deuxième changement majeur

L’introduction d’un Sénat, dont un tiers des membres est nommé par le Président du Conseil. Loin de constituer un contre-pouvoir, cette chambre renforce davantage la mainmise du parti au pouvoir sur les institutions.

Si le Président de la République est limité à deux mandats de quatre ans, le Président du Conseil, lui, peut rester en fonction indéfiniment, tant que son parti reste majoritaire. Ce déséquilibre flagrant entérine une concentration durable du pouvoir entre les mains d’un seul camp.

Pour l’instant, aucune force d’opposition n’est en mesure de freiner cette dynamique. Et beaucoup s’interrogent : cette nouvelle Constitution, en affaiblissant les mécanismes de représentation directe et en renforçant le contrôle d’un seul parti, inaugure-t-elle une consolidation autoritaire sous couvert de réforme institutionnelle ? L’avenir démocratique du Togo s’écrit désormais sous haute surveillance.