L’artiste togolais Aamron, de son vrai nom Tchala Essowè Narcisse, a regagné sa famille samedi, un mois après son enlèvement nocturne par des éléments des forces de l’ordre et de sécurité. Après une arrestation musclée, le rappeur qui dénonçait la gouvernance de Faure Gnassingbé a été conduit au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC), où il a été torturé, selon les révélations de son avocat, Me Célestin Agbogan.
« Ils l’ont fait sortir à un endroit dans l’enceinte du SCRIC ; ils l’ont menotté dans des conditions déplorables, puis ils ont commencé à le bastonner », a-t-il déclaré sur la chaîne YouTube Écho du Togo. Les bourreaux d’Aamron ont tenu à ce qu’il sache qu’il était bel et bien victime de torture, selon les conversations rapportées par l’avocat.
« On lui a demandé : « Qu’est-ce que nous sommes en train de vous faire ? » Il a répondu : « Vous êtes en train de me redresser « . Ses tortionnaires ont alors rétorqué : « Non, on ne vous redresse pas, on vous torture. » Ce sont eux-mêmes qui ont utilisé le mot ‘torture’ (…). Ils ont ajouté : « Si tu t’en sors un jour, tu peux aller faire tes Lives pour dire que nous t’avons torturé » », rapporte Me Célestin Agbogan. À en croire ce dernier, l’arrestation d’Aamron était arbitraire. Jusqu’à présent, le procureur de la République n’a retenu aucun grief contre l’artiste.
Suite judiciaire
Aamron vient ainsi s’ajouter à la longue liste de Togolais qui accusent les forces de l’ordre d’actes de torture. En effet, après leur libération, plusieurs manifestants arrêtés le 6 juin 2025 puis gardés à la brigade de gendarmerie de Djidjolé ont déclaré avoir subi de graves sévices corporels. Ils affirment avoir été copieusement bastonnés. Les femmes étaient contraintes de faire leurs besoins dans la même salle où les hommes étaient détenus. Les forces de l’ordre auraient également ordonné à certains manifestants de danser, dans le but de les humilier.
Les présumés auteurs de ces actes de torture risquent des lendemains mouvementés. Me Célestin Agbogan entend donner une suite judiciaire à cette affaire. « Des gens ont torturé dans ce pays, ils ont été condamnés (…). C’est un lourd dossier qui n’honore pas notre pays si on le laisse sans suite. Il y en aura une », a-t-il déclaré.
Le régime de Faure Gnassingbé est sous pression depuis les manifestations du 6 juin. La presse nationale et internationale documente les cas de bavures. Les organisations internationales de défense des droits de l’homme dénoncent, quant à elles, les arrestations arbitraires et les traitements inhumains infligés aux manifestants. La situation sociopolitique au Togo a même contraint la société Manssah à reporter sa conférence internationale prévue à Lomé.