La situation est embarrassante pour les nombreux Togolais qui l’ont défendu et admiré pendant de longues années. Alain Foka préfère entretenir ses relations amicales avec le régime Gnassingbé plutôt que de se ranger du côté du peuple, qui ne réclame que de meilleures conditions de vie.


Résidence huppée, véhicule de luxe avec chauffeur et service de sécurité, restaurants haut de gamme… Alain Foka mène la belle vie au Togo. L’ancien journaliste de RFI, qui a posé ses valises dans le pays après 31 années de loyaux services au sein du groupe France Médias Monde (financé par l’État français) s’est engagé dans une lutte pour l’émancipation des peuples africains.


À travers ses nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des millions d’Africains se sont ralliés à sa cause. En effet, Alain Foka dénonce, dans un langage clair et accessible, l’impérialisme occidental. À plusieurs reprises, le journaliste camerounais a invité les dirigeants africains à changer de paradigme et à concevoir de nouveaux modèles de gouvernance, en rupture avec les héritages coloniaux. Il a activement lutté contre la campagne de diabolisation des pays de l’AES, orchestrée selon par les médias occidentaux.
C’est donc avec enthousiasme que certains Togolais ont accueilli l’installation du journaliste au Togo, où il venait de créer sa société dénommée Manssah. Déjà à l’époque, certains journalistes, parmi lesquels Ferdinand Ayité, voyaient d’un mauvais œil ce choix du Togo (un pays qui n’a jamais connu d’alternance politique pacifique et où les droits des journalistes sont régulièrement bafoués). Les troublants points communs entre le régime politique promu par Alain Foka et celui adopté par les députés togolais en 2024 ont accru les soupçons sur les véritables missions du journaliste dans le pays. En effet, la société Manssah promeut un régime parlementaire avec un président du conseil qui serait le chef du parti majoritaire à l’Assemblée tout comme la 5ème République togolaise.


Foka a fait son choix


La nouvelle crise sociopolitique que traverse le Togo risque d’emporter Alain Foka et sa société. Alors que les Togolais réclament de meilleures conditions de vie et la libération de l’artiste Aamron, détenu pour ses opinions dérangeantes pour le régime de Faure Gnassingbé, Manssah annonce l’organisation d’une conférence à Lomé pour, dit-elle, « en finir avec la conférence de Berlin ». Cette fois-ci, les Togolais commencent par douter.


Ils demandent à Alain Foka dont la proximité avec le régime cinquantenaire des Gnassingbé n’est plus un secret de s’exprimer clairement sur la situation dans le pays. Beaucoup, y compris parmi ses anciens soutiens, ne comprennent pas comment Alain Foka peut rester silencieux face au combat du peuple togolais pour une meilleure gouvernance, alors que les arrestations arbitraires et les actes de torture se multiplient.


« Pour nous qui avions de l’admiration pour Alain Foka, c’est triste de le voir, dans une même interview, être très incisif sur le dossier ivoirien et ironique sur le cas du Togo », a écrit le journaliste Yves Kokoayi sur sa page Facebook. Les Togolais distinguent désormais l’homme d’affaires Alain Foka, patron d’une société défendant ses intérêts auprès du régime en place, du journaliste panafricaniste qui prône l’éveil des consciences. Depuis, les appels au boycott de la conférence se multiplient sur les réseaux sociaux.


La récente sortie du journaliste camerounais semble avoir envenimé la situation. Il a en effet déclaré, à tort, que l’artiste Aamron avait été remis en liberté, alors qu’il est toujours interné dans un centre psychiatrique sans décision de justice ni consentement familial, selon les organisations de défense des droits de l’homme. La manière avec laquelle Alain Foka traite le combat des Togolais a choqué plus d’un. Des rumeurs évoquent désormais une possible annulation de la conférence de Manssah dans les prochaines heures.