Choguel Kokalla Maïga, longtemps perçu comme un pilier civil de la transition malienne, opère un repositionnement qui interpelle. Premier ministre emblématique du régime dirigé par le colonel Assimi Goïta, il semble aujourd’hui prendre ses distances avec une junte dont il critiquait peu les orientations jusqu’alors.

Ses récentes déclarations, incisives et publiques, marquent un tournant majeur. Maïga, qui incarnait la voix civile d’un régime militaire cherchant à consolider sa légitimité, dévoile des tensions internes. L’adhésion totale d’autrefois cède la place à une posture critique, alimentant les doutes sur l’unité de l’équipe dirigeante et la pérennité d’une transition déjà fragile.

Le fonctionnement opaque de la gouvernance malienne est pointé du doigt. Les grandes décisions qu’il s’agisse du report des élections ou des orientations stratégiques  se prennent sans consultation des acteurs clés, compromettant les principes de transparence et d’inclusion.

Choguel Maïga, figure expérimentée de la politique malienne, semble exprimer un profond malaise face à ces dérives. La récente décoration qu’il a reçue d’Assimi Goïta, le 16 novembre, illustre une tentative apparente de masquer des désaccords croissants. Ce geste symbolique, loin de sceller une unité, révèle au contraire des fissures béantes dans la cohésion du pouvoir.

Un pari politique audacieux

Le repositionnement de Maïga apparaît stratégique. En prenant ses distances, il se pose en potentiel recours face à une transition en perte de vitesse. Ses critiques résonnent au-delà des cercles du pouvoir, touchant une population en quête de clarté et d’espoir.

Cependant, cette prise de position risque de fragiliser davantage un régime déjà confronté à de multiples défis. Alors que la transition vacille, Choguel Maïga pourrait devenir une alternative crédible… ou un acteur clé de son éventuelle implosion.