La classe politique togolaise est en deuil. L’ancien premier ministre togolais et candidat malheureux à la présidentielle de 2020 Agbeyome Kodjo est décédé dans la nuit du 03 au 04 mars 2024 des suites de maladie. Selon des sources, le leader du parti politique Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) et membre influent de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) aurait rendu l’âme à Accra (Ghana) où il se serait exilé.

Jusqu’à son dernier souffle, l’ancien président de l’Assemblée nationale du Togo contestait les résultats de la dernière élection présidentielle qui a donné vainqueur Faure Gnassingbé. Cette quatrième victoire du candidat d’UNIR serait une fraude selon Agbeyomé Kodjo qui avait décidé de mettre sur pied un gouvernement parallèle. Poursuivi pour des faits d’  « Incitation à la révolte contre l’autorité de l’État », « outrage envers les représentants de l’autorité publique », « diffusion de fausses nouvelles » et « apologie des crimes », il a quitté le Togo et continue par contester le régime de Faure Gnassingbe sur les réseaux sociaux.

Personnage controversé

Depuis l’annonce de la mort de l’opposant Agbeyomé Kodjo, des hommages pleuvent de part et d’autre. En effet ce qui ont eu l’occasion d’entrer en contact avec lui gardent l’image d’un homme intelligent, ambitieux et très attaché à son pays.  Mais Agbeyome Kodjo n’a pas toujours été un opposant politique. Son parcours politique a été entaché par les évènements macabres de Fréau Jardin. Alors qu’il était ministre de l’administration territoriale et de la sécurité, une manifestation organisée par les partis politiques de l’opposition a tourné au drame le 25 janvier 1993. Des dizaines de civils ont perdu la vie. Pour les opposants, il n y’avait aucun doute, c’est Agbeyomé Kodjo qui a instruit ses policiers de tirer sur la foule.  L’ancien ministre d’Eyadema a toujours nié cette version des faits.

Lors de son audience devant la commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), il a indiqué qu’il avait informé les organisateurs de l’évènement de plan macabre du parti politique RPT dont il faisait partie. Il dit n’avoir pas été suivi dans sa démarche par son interlocuteur le professeur GNININVI.

« Au moment de quitter ma résidence pour me rendre à mon Ministère afin d’assurer le suivi en temps réel du déroulement de la manifestation, une demi-heure avant que ne débute le rassemblement, j’ai été informé de l’existence d’un plan d’agression des manifestants, par Monsieur Komikpim BAMNATE Député à l’Assemblée Nationale, Secrétaire Général Adjoint du RPT – qui au moment des faits était proche du Colonel Narcisse DJOUA. Il m’a dit en substance ceci. Je cite : « ce qui va se passer aujourd’hui, si demain l’opposition demande à ses militants de participer à une manifestation organisée par elle ils refuseraient », raconte-t-il avant d’ajouter : « Je pris cette information très au sérieux avant même de chercher à faire des recoupements. Au regard du caractère gravissime de la communication qui me fut ainsi transmise, j’ai préféré rebrousser chemin pour instamment tenir informé le Professeur Gnininvi avant de me rendre à mon bureau au Ministère.

Le Professeur GNININVI ne reconnaitra publiquement qu’en 2009 soit 16 ans après les faits, la réalité de la démarche que j’ai entreprise à son endroit tendant à précisément l’informer sur l’heure, de la communication alarmante qui m’était parvenue ».

Espoir de la dernière heure

Après le décès du Général Eyadema, Agbeyomé Kodjo a rejoint l’opposition. Il a participé à la quasi-totalité des luttes pour l’alternance au Togo. Ouvert au dialogue il a fait partie de nombreuses coalitions de l’opposition afin de venir à bout du régime des Gnassingbé. Sa dernière aventure fut la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) qui l’avait désigné comme candidat unique de l’opposition pour la présidentielle de 2020. Il avait promis aux électeurs qu’avec lui, leur vote ne sera plus volé par le régime en place.