Je connaissais un agriculteur, David, habitant à Massedena, dans la préfecture de Doufelgou. J’avais travaillé avec lui entre 2015 et 2017. Il faisait de la tomate en contre saison (saison sèche) et il vendait ses tomates pour 4 à 7 millions par saison.

Le plus important pour cette culture est la gestion de l’eau. David avait trouvé un bras de rivière qui ne tarissait pas. Une motopompe, des tuyaux finissant sur des arrosoirs et ça suffisait à son affaire.

Il existe sur le marché togolais plusieurs variétés de tomates adaptées à cette culture, résistantes et ne pourrissant pas trop rapidement. Selon les variétés, la première récolte peut commencer au bout de deux mois et demis et s’étaler sur deux à trois mois (selon la variété et la disponibilité de l’eau, surtout)

Comme on ne vend pas de tomates au kilo, je ne vais pas parler forcément de rendement mais de production. David faisait autour d’un demi hectare et vendait ses tomates par panier. Suivant la période, le panier pouvait se vendre entre 9000f vers le mois de mars-avril et 17000 f voire 19 000f en décembre. Il vendait en moyenne 50 paniers par chargement et sur une saison, il pouvait faire 4 à 5 récoltes, si l’eau est là.

C’est un travail difficile, surtout pour l’arrosage manuel, et à l’époque, David avait même du mal à recruter du personnel car les villageois trouvaient ce travail difficile. Mais 5 millions par saison, c’est 6 ans de prêts pour un fonctionnaire.

Moi aussi j’ai fait de la tomate dans la ferme Houaré. Mais comme j’avais un peu d’argent, j’ai mis en place des bandes d’arrosage, après avoir trouvé un bras de rivière qui ne tarissait pas. Mais l’homme noir n’aime pas la facilité. Malgré qu’on leur ait indiqué les périodes d’arrosage, les ouvriers lançaient la motopompe et comme tout est automatique, allaient dormir sous les arbres. Résultat, la source d’eau a tari seulement après deux récoltes. Mais il y’a pire. La seconde récolte a pourri sous le soleil, au jeu de qui doit faire quoi.

Donc pour réussir cette culture, il faut maîtriser l’eau en saison sèche. On peut faire un forage, mais dans ce cas, il faut opter pour l’arrosage goutte à goutte. Et faire un paillage ou mettre des bandes de plastique noire sous les tomates. Ça reste propre et produit plus longtemps. Aujourd’hui les chinois proposent des kit d’arrosage goutte à goutte abordable. Après, il faut être rigoureux.

La conclusion de mon expérience pour l’agrobusibess est implacable. En dehors de la sylviculture, si vous n’êtes pas sur place ou au minimum régulier, ne tentez pas cette aventure. Nos employés dans les fermes sont des vrais sorciers.

Comme je l’ai dit hier, je ne parle souvent que de mes expériences ou des choses que je connais directement. Pas les histoires de on a dit.

Quelqu’un va me demander pourquoi je recommande cette culture pour le nord. Au sud la petite saison de pluie vient perturber le cycle.

Quelqu’un m’a demandé des propositions concrètes hier, en voilà une. Il y’a l’argent dans le pays, avec un investissement minimum.. Seulement il faut être prêt à travailler dur. Si tout le monde veut être pdg avant même d’être directeur, ça ne va pas le faire.

Cherchons l’argent, avec opiniâtreté. Vivants.

Source : Gerry Taama