À l’approche des élections municipales prévues le 17 juillet 2025, la scène politique togolaise s’enflamme. L’Alliance nationale pour le changement (ANC), figure majeure de l’opposition, multiplie les mises en garde contre un processus électoral jugé biaisé, dénonçant notamment la composition et le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Retour sur une crise de confiance qui menace la crédibilité du scrutin à venir.

Une CENI au cœur de la contestation


L’ANC, par la voix de son président Jean-Pierre Fabre, a publiquement rejeté la légitimité de la CENI actuelle, qualifiée « d’illégale, illégitime et inféodée au régime ». Selon le parti, la récente recomposition partielle de l’institution ne tient pas compte des évolutions institutionnelles du pays, en particulier l’instauration d’un parlement bicaméral. L’opposition estime que la reconduction partielle de la CENI, dont le mandat est arrivé à expiration depuis mars 2023, s’est opérée sans consultation des acteurs politiques et en violation de la Constitution.

Pour l’ANC, cette situation constitue un « désordre électoral » organisé, qui favorise le parti au pouvoir, l’UNIR, et compromet l’équité du scrutin. Le parti dénonce également les privilèges accordés à l’UNIR, tels que l’accès privilégié aux ressources de l’État et aux médias publics, en contradiction flagrante avec les principes de transparence et d’inclusivité.

Exigence de réformes et d’un calendrier transparent


Face à ce qu’elle considère comme une confiscation du processus démocratique, l’ANC réclame une réforme immédiate et en profondeur du code électoral, ainsi qu’une recomposition intégrale de la CENI, cette fois conforme à la nouvelle architecture parlementaire du pays. Le parti exige également la publication rapide d’un chronogramme électoral clair, cohérent et conforme à la loi, condition sine qua non pour garantir la visibilité et la légalité des opérations électorales.

L’ANC demande en outre l’annulation de toutes les décisions prises par la CENI depuis l’expiration de son mandat et l’invalidation des listes du parti au pouvoir qui ne respecteraient pas les exigences du code électoral. Ces revendications s’accompagnent d’un appel à garantir l’accès équitable aux médias, la liberté de campagne pour tous les candidats et la cessation des intimidations à l’encontre des opposants.

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Boycott en perspective ? Une stratégie encore floue


Si la dénonciation est frontale, la stratégie de l’ANC demeure enveloppée de silence. Le parti n’a pas encore clarifié sa position quant à une éventuelle participation ou un boycott du scrutin municipal, laissant planer le doute sur la suite de son engagement. Cette réserve alimente les spéculations : certains y voient une prudence tactique, d’autres la manifestation de dissensions internes, ou encore l’attente d’un geste d’ouverture du pouvoir.

Dans ce climat, la crédibilité du scrutin est d’ores et déjà fragilisée. Les accusations de partialité, le manque de transparence et les tensions croissantes entre institutions et opposition rappellent les crises post-électorales passées, où boycotts et manifestations ont souvent rythmé la vie politique togolaise.

À moins d’un mois du scrutin, le Togo se trouve à la croisée des chemins. L’exigence d’un cadre électoral consensuel et transparent apparaît plus pressante que jamais pour restaurer la confiance et préserver la démocratie. Faute de réformes substantielles, le risque d’un nouveau cycle de contestations et de remise en cause de la légitimité des institutions demeure élevé.