Depuis le 9 juin dernier, une décision américaine fait l’effet d’un choc pour de nombreux Togolais : l’interdiction temporaire d’entrée sur le sol américain pour des ressortissants togolais. Actée par décret présidentiel, cette mesure émane d’une volonté ferme de Washington de renforcer ses politiques migratoires, à la lumière d’un constat préoccupant : un taux élevé de dépassement de séjour parmi les titulaires togolais de visas.
Concrètement, les autorités américaines dénoncent des abus fréquents de la part de voyageurs togolais munis de visas B-1/B-2, destinés aux séjours de courte durée pour affaires, tourisme ou soins médicaux. Sont également visés les détenteurs de visas d’études et de programmes d’échange (F, M et J), ainsi que certaines catégories de visas d’immigration. En somme, une grande partie de la mobilité togolaise vers les États-Unis est gelée jusqu’à nouvel ordre.
Face à cette annonce aux conséquences lourdes, le gouvernement togolais n’a pas tardé à réagir. Par un communiqué publié le 10 juin, le ministère des Affaires étrangères a clarifié la portée de cette mesure, tout en rassurant les citoyens concernés. Il a précisé que plusieurs catégories échappaient aux restrictions, notamment les titulaires de visas diplomatiques (A et G), les proches de citoyens américains, les enfants en cours d’adoption par des familles américaines, ainsi que les résidents permanents légaux (détenteurs de la “green card”).
Le Togo s’efforce d’apaiser les tensions. Le ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, a rappelé que “chaque pays a droit au respect de ses frontières et de ses lois”. Tout en déplorant les comportements qui ont conduit à cette sanction collective, il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à maintenir un dialogue ouvert et constructif avec Washington. Objectif : rétablir au plus vite un accès normal au territoire américain pour les citoyens togolais respectueux des règles.
Au-delà des aspects diplomatiques, cette décision illustre les conséquences concrètes de l’irrespect des règles migratoires. Elle met également en lumière la nécessité pour les États africains de renforcer la sensibilisation sur les conditions de séjour à l’étranger et sur les risques liés au non-respect des délais légaux.
En attendant un éventuel assouplissement de la part des autorités américaines, de nombreux étudiants, professionnels et familles togolaises voient leurs projets suspendus, dans un contexte mondial de plus en plus marqué par la crispation autour des questions migratoires. Washington, de son côté, assume pleinement cette politique de fermeté. Pour Lomé, l’enjeu est désormais double : préserver les relations avec un partenaire stratégique tout en responsabilisant davantage ses citoyens en matière de mobilité internationale.