La scène culturelle togolaise est sous le choc après l’arrestation, lundi soir, du rappeur engagé Aamron, de son vrai nom Tchalla Essowe. Selon plusieurs témoins, l’artiste a été interpellé à son domicile à Lomé aux alentours de 21 heures par des gendarmes en civil. Emmené vers une destination inconnue, son sort restait incertain dans les heures qui ont suivi l’opération.
Aamron, figure montante du rap conscient au Togo, s’était récemment illustré par des textes virulents pointant du doigt les dysfonctionnements de la société togolaise. Entre dénonciation des inégalités sociales, critique des abus de pouvoir et plaidoyer pour une jeunesse laissée pour compte, ses chansons résonnaient comme des cris de révolte dans un climat politique tendu.
Ses prises de parole publiques, toujours fermes mais non violentes, lui avaient valu une écoute grandissante parmi les jeunes urbains et les milieux militants. Pour beaucoup, il était devenu l’une des rares voix artistiques à oser braver les lignes rouges de la critique sociale.
Si les raisons officielles de son interpellation n’ont pas encore été communiquées, son arrestation suscite une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, où anonymes et artistes appellent à sa libération immédiate. Certains y voient une tentative d’intimidation face à une jeunesse de plus en plus éveillée et exigeante.
Le silence des autorités, jusque-là, ne fait qu’alimenter les inquiétudes. Cette affaire relance le débat sur la liberté d’expression au Togo et le rôle des artistes dans la défense des droits fondamentaux. Une chose est sûre : en s’en prenant à Aamron, le pouvoir pourrait bien avoir réveillé un écho plus fort que prévu.
