Un tournant géopolitique se dessine au Togo. D’après les dernières données d’Afrobarometer, 54 % des Togolais seraient favorables à une adhésion de leur pays à l’Alliance des États du Sahel (AES), formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ce chiffre, largement supérieur aux 36 % de citoyens qui souhaitent rester dans la CEDEAO, traduit une évolution profonde des sensibilités populaires vis-à-vis des alliances régionales traditionnelles.

Le sondage, réalisé en novembre 2024, met en lumière des disparités significatives selon le genre, le milieu de vie et les régions. Ainsi, 57 % des hommes interrogés soutiennent l’adhésion à l’AES, contre 50 % des femmes. Le clivage est encore plus net entre urbains et ruraux : 59 % de soutien dans les villes contre 49 % dans les campagnes. La région Centrale se démarque nettement avec 74 % de partisans à l’AES, suivie de Lomé (64 %) et des Savanes (60 %).

Ces résultats suggèrent une recomposition des priorités nationales et régionales. L’AES, perçue par nombre de Togolais comme un bloc de souveraineté face aux ingérences extérieures, séduit une partie croissante de l’opinion, lassée des lenteurs ou postures perçues comme inefficaces de la CEDEAO.

L’orientation vers l’AES a d’ailleurs été effleurée publiquement par le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, en mars 2025. Une déclaration qui avait enflammé le débat politique, divisant autant les élites que la population.

Ce basculement d’opinion pourrait peser lourd dans les décisions futures de la diplomatie togolaise, alors que la sous-région est engagée dans une redéfinition accélérée de ses équilibres. Le Togo est-il à l’aube d’un changement d’alliance historique ?