La libération de plusieurs détenus par grâce présidentielle le 28 décembre 2024 avait suscité l’espoir de nouvelles opportunités pour ces individus. Cependant, à peine une semaine plus tard, deux des bénéficiaires se retrouvent de nouveau incarcérés. Une réalité qui met en lumière les lacunes criantes du système de réinsertion sociale au Togo, selon Kao Atcholi, président de l’Association des Victimes de Torture au Togo (ASVITTO).
Un cercle vicieux alimenté par l’absence de soutien
Pour Kao Atcholi, ces récidives illustrent un échec structurel. « Ces jeunes, souvent poussés par un désespoir lié à la précarité, retournent en prison faute d’alternatives. Ce cycle infernal reflète l’absence de politiques publiques adaptées », déplore-t-il.
Loin d’être des cas isolés, ces récidives s’inscrivent dans une dynamique plus large où la pauvreté et le manque de perspectives économiques poussent des jeunes défavorisés à adopter des comportements risqués. La réinsertion socio-économique et psychologique reste quasi inexistante, accentuant ainsi leur vulnérabilité.
Une surpopulation carcérale préoccupante
Les prisons togolaises, déjà confrontées à des taux de surpopulation alarmants, deviennent des espaces inhumains où les conditions de vie exacerbent les tensions sociales. Les défenseurs des droits humains décrivent des situations où l’accès à des besoins fondamentaux est un défi quotidien, augmentant le risque de récidive.
Appels à une réforme sociale
L’ASVITTO plaide pour une réorientation des priorités gouvernementales. Des programmes ciblant la formation professionnelle, l’accompagnement psychologique et l’intégration économique sont essentiels pour briser le cycle de la récidive.
Kao Atcholi dénonce également le manque d’actions concrètes de la part des autorités :
« Quand le peuple réclame des mesures sociales, le gouvernement reste absorbé par des distractions inutiles, oubliant l’essentiel. »
Vers une justice sociale durable
La grâce présidentielle, bien qu’appréciée, ne constitue qu’une mesure temporaire. Selon l’ASVITTO, seule une politique sociale inclusive, axée sur la justice et l’équité, permettra de prévenir durablement la délinquance et de garantir une réintégration réussie des ex-détenus.
Ce défi structurel appelle à une mobilisation immédiate, afin de construire une société où chacun, y compris les laissés-pour-compte, trouve sa place.