Le mercredi 20 novembre 2024, le président de la transition malienne, le général Assimi Goïta, a brusquement mis fin aux fonctions du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et de son gouvernement. Cette décision, annoncée par décret à la télévision nationale, marque un tournant décisif dans une transition politique déjà émaillée de tensions.
Depuis plusieurs mois, des divergences profondes opposent Choguel Maïga aux autorités militaires. Ces frictions ont atteint leur paroxysme après les déclarations du Premier ministre, lors d’un meeting avec le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) le 16 novembre. Il avait publiquement dénoncé sa mise à l’écart des décisions majeures, notamment celles concernant la prolongation de la transition politique. « Il est inadmissible d’apprendre par voie de presse des reports d’élections sans consultation préalable du gouvernement », avait-il martelé.
La transition, initialement prévue pour s’achever en mars 2024, avait en effet été prolongée de manière unilatérale par les autorités militaires, alimentant la frustration et les critiques de Choguel Maïga. Ce climat délétère a été exacerbé par un remaniement ministériel en 2023, qui avait affaibli son réseau d’alliés.
Ce limogeage intervient après une série d’indicateurs annonçant une crise imminente, dont le report inattendu d’un conseil des ministres prévu le même jour. Par ailleurs, les critiques publiques du Premier ministre avaient suscité une levée de boucliers au sein de la société civile, accélérant sa chute.
Nommé en juin 2021, Choguel Maïga avait été un acteur clé de la transition, malgré des périodes d’éclipse, notamment pour des raisons de santé. Son départ ouvre désormais la voie à de nouvelles recompositions politiques dans un Mali en quête de stabilité.