Trois ans après le renversement du président Alpha Condé et la prise de pouvoir par le colonel Mamady Doumbouya, la Guinée est toujours plongée dans l’incertitude. L’absence d’un calendrier électoral précis et les dérives autoritaires croissantes suscitent de vives inquiétudes, tant au sein de l’opposition qu’auprès des citoyens.

Fodé Baldé, membre de l’opposition, a exprimé son mécontentement face au non-respect de la charte de transition. « Les promesses n’ont pas été tenues, que ce soit en termes de droits de l’Homme ou de retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il déclaré. Cette frustration s’ajoute à la décision du Premier ministre Bah Oury, qui a évoqué un report de la transition vers 2025, alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le colonel Doumbouya s’étaient initialement accordés pour organiser des élections avant la fin de l’année 2024.

Les doutes concernant la tenue de cette échéance renforcent les suspicions que Doumbouya pourrait être tenté de prolonger son mandat. Baldé a lancé un appel pour que le colonel tienne ses engagements et évite de céder à la tentation de se maintenir au pouvoir, soulignant les conséquences désastreuses vécues par d’autres dirigeants ayant suivi cette voie.

En parallèle, l’insécurité grandit dans le pays. Les rumeurs de coups de feu à Conakry, niées par les autorités militaires, illustrent un climat de tension. Des dispositifs militaires lourds, notamment des chars, sont visibles à l’entrée de Kaloum, la zone administrative de la capitale. Cette militarisation accentue le sentiment de peur dans la population, malgré les assurances des autorités quant à leur objectif de prévenir des menaces terroristes.

L’opposition, quant à elle, dénonce des entraves à la liberté d’expression et des cas d’enlèvements, renforçant ainsi les craintes d’un retour à une gouvernance répressive en Guinée.