Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, se retrouve dans une position délicate après ses critiques à l’encontre des militaires responsables de la transition. Le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM), proche de la junte dirigée par le colonel Assimi Goïta, a exigé sa démission sous 72 heures, accusant le chef du gouvernement de « trahison ».

Lors d’une cérémonie commémorative, Choguel Maïga a dénoncé publiquement son exclusion des décisions stratégiques, notamment la prolongation unilatérale de la transition politique, initialement prévue jusqu’en mars 2024. Arborant une tenue militaire symbolique, il a déclaré : « Comment accepter que des décisions majeures soient prises sans consultation ? Moi, le Premier ministre, je découvre dans les médias que la transition est prolongée. »

Ses propos, perçus comme un affront par la junte, ont déclenché une riposte rapide et coordonnée. Le CDM a condamné ses déclarations, le qualifiant de déloyal envers les autorités qu’il est censé représenter.

Une riposte médiatique musclée

La télévision nationale, sous contrôle militaire, a diffusé des communiqués visant à discréditer le Premier ministre. Les proches de la junte reprochent à Maïga de compromettre la stabilité de la transition et de fracturer le pouvoir.

Perçu comme un allié de la première heure de la junte, Choguel Maïga se retrouve isolé et marginalisé. Toutefois, sa prise de position pourrait séduire une partie de la population, lasse des promesses non tenues et de l’absence de clarté sur le retour au pouvoir civil.

Dans un Mali en proie à de graves défis sécuritaires et politiques, cette crise interne illustre les failles d’une transition déjà fragilisée. Le sort de Choguel Maïga pourrait bien redessiner les équilibres au sommet de l’État.