Chaque année en juillet, la région de Kara, au nord du Togo, s’anime au rythme des luttes traditionnelles Evala. Ce spectacle, tant attendu, est bien plus qu’une simple compétition sportive ; il s’agit d’un rite de passage à l’âge adulte pour les jeunes garçons du peuple Kabyè.

Les Evala marquent une étape cruciale dans la vie des jeunes hommes, symbolisant leur transition vers la maturité. « C’est pour montrer que le jeune a atteint l’âge de se marier, de défendre sa famille, sa communauté », explique Agouto Toyi, un jeune lutteur participant. Durant une semaine, les villages de Kara résonnent des sons de tambours, de castagnettes et de chants traditionnels, créant une ambiance festive et solennelle.

Le cœur de cet événement est constitué des affrontements entre jeunes hommes dans les arènes de tous les cantons de Kara, à 430 kilomètres au nord de Lomé. Pour Adom, un autre lutteur, les Evala sont « un grand spectacle chaque année », attirant des foules venues de toutes parts pour encourager les combattants. Ces affrontements sont bien plus que des duels physiques ; ils sont des tests de force, de stratégie et de courage. Chaque victoire est honorée, tandis que chaque défaite enseigne des leçons précieuses.

Lire aussi : Nibombé Daré nommé nouveau sélectionneur des Éperviers du Togo

La préparation aux Evala commence bien avant le mois de juillet. Dès le mois de mai, les jeunes, appelés « Evalo », s’entraînent rigoureusement pour développer leur endurance, leur discipline et leur résistance. « On commence à les entraîner pour qu’ils soient en forme. On leur montre les techniques. Il faut être courageux, avoir la force, surtout la patience », explique Tchamien Pétchéréza, un encadreur des jeunes.

Les anciens jouent également un rôle fondamental dans cette tradition, partageant leur sagesse et leurs expériences avec la nouvelle génération. « On a un lieu sacré où on s’entraîne. C’est là-bas qu’on montre aux enfants comment lutter et comment accomplir les cérémonies avec la viande du chien », souligne Tchalim Essozolom, un autre encadreur. Le chien, central dans ces rites, symbolise des qualités telles que la résistance, la ténacité, la force et l’intelligence, que les initiés doivent incarner.

Les Evala transcendent les simples combats pour devenir un reflet profond de la culture et de l’identité Kabyè. Ils marquent le début d’un nouveau chapitre pour ces jeunes hommes, qui, transformés par cette expérience, sont prêts à assumer leurs responsabilités d’adultes au sein de leur communauté.