Le 18 février 2024, la quasi-totalité de la ville de Kpalimé (localité située à 120 km de Lomé) est plongée dans le noir. La coupure d’électricité dont la population commençait à s’habituer depuis quelques jours déjà a été particulièrement longue ce jour-là. Le lendemain la lumière n’était toujours pas rétablie. Au Centre hospitalier préfectoral de Kpalimé, le générateur qui a tourné toute la nuit commence par manquer de carburant. Il sonne à 8h00 quand l’appareil cesse de fonctionner. Pendant plus de 30 minutes tout l’hôpital était sans électricité. Au département de l’ophtalmologie, le personnel voyant la queue des patients venus se faire consulter s’allonger a décidé de faire usage des appareils manuels utilisés généralement durant les campagnes foraines. Difficile de décrire la situation dans les autres départements où l’électricité est indispensable pour maintenir en vie les patients.

Cette scène résume le quotidien des togolais depuis quelques semaines. Les coupures d’électricité sont récurrentes affectant la quasi-totalité des secteurs d’activité.

Silence inquiétant

Le 09 février 2024, la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) avait communiqué au public un calendrier d’interruption de fourniture d’électricité qu’elle n’a pas pu respecter. Selon la note, les perturbations seront constatées du 14 février 2024 au 16 février 2024. Officiellement, la CEET évoque des « travaux de maintenance ».


“Ceet, tu as dis on va couper un jour un jour. Pourquoi ça fait deux jours c’est coupé chez moi. Ensuite, il doivent recruter de cm pour la diffusion de leur communiqué. Personne n’est jamais au courant. En ce moment, à Agoè Atsanvé, c’est coupé depuis 7h. Hier c’était pareil toute la journée. Donnez moi votre situation dans votre quartier. On va revenir au kalingbé, c’est mieux même”, avait publié le député Gerry Taama sur sa page Facebook.

Dettes impayées

Presque un mois après cette première communication, la situation n’a pas changé. Les coupures d’électricité s’intensifient à Lomé et dans plusieurs villes du pays. Face au silence de la CEET, chacun va de son commentaire. Selon le journaliste Ferdinand Ayité, le Togo se serait endetté auprès de ses fournisseurs qui sont le Ghana et le Nigéria.

“Aujourd’hui le Nigéria étant lui même dans une crise totale (…) a réduit sa quantité qu’il fournit au Togo mais aussi demande qu’on paie(…) Aujourd’hui on a tellement d’obligations envers le Ghana qu’aujourd’hui pour pouvoir prendre de l’argent est obligé de dire que :  » écoutez nous aussi nous sommes en maintenance. Nous entretenons nos installations. C’est une méthode subtile que le Ghana a trouvé pour ne plus continuer par nous donner du courant selon nos besoins”, explique le Directeur de publication du journal l’Alternative.

Les populations laissées à leur triste sort ne savent plus à quel saint se vouer. “ Toutes mes machines fonctionnent avec l’électricité. Je n’ai pas les moyens de m’offrir un puissant générateur. L’électricité que la CEET nous donne après les coupures d’électricité est parfois faible au point où nos frigos n’arrivent pas à fonctionner normalement”, déplore une tenante d’un frigo de produits surgelés.

Officiellement le gouvernement n’a pas encore communiqué sur cette situation qui affecte dangereusement l’économie du pays.