La nouvelle est humiliante pour Paris et il n’y a aucune raison de faire du bruit. Après plusieurs semaines de bras de fer, la France qui dit ne pas reconnaître les nouvelles autorités du Niger, a entamé des discussions pour le retrait des 1500 soldats devenus indésirables. Au Niger, ce n’est pas une victoire mais une évidence. Chassés au Mali et au Burkina Fasso, les militaires français ont trouvé refuge au Niger à la demande du pays. C’est donc tout à fait logique que le même pays demande le départ de cette force étrangère dont la présence n’est plus utile. A en croire les révélations du journal Le Monde, une partie des soldats militaires français devraient déposer très bientôt leurs valises au Tchad voisin. Une autre partie retournera en France.
La poisse
Après le Niger, le Tchad deviendrait le seul espace encore favorable à la présence militaire française au Sahel. Là encore, Paris n’a aucune garantie que ses militaires y resteront longtemps. En effet le président Emmanuel Macron qui prétend ne pas collaborer avec des régimes illégitimes a validé le coup d’état au Tchad qui a permis à Mahmat Idriss Deby de prendre la place de son père décédé dans des circonstances troubles, en violation de la constitution tchadienne. Paris en s’accommodant avec le régime violent de Mahmat qui a réprimé dans le sang de nombreux manifestants tchadiens se met une fois encore du mauvais côté de l’histoire. De nouvelles manifestations au Tchad pour demander le départ ces militaires français dans les prochains mois ne surprendraient point les analystes sérieux de la situation sécuritaire au Sahel. Les militaires français sont considérés dans de nombreux pays africains comme le cheval de Troie dans la lutte contre le terrorisme en Afrique subsaharienne. Leur refus de quitter cette partie de l’Afrique renforce les soupçons sur les réelles motivations.
L’arrogance et la défiance
La France partenaire historique de ses anciennes colonies en Afrique refuse d’entendre les cris des populations de celles-ci. Paris n’a jamais pris la mesure de la situation au Sahel. Niant tout rôle dans le rejet qu’elle essuie dans plusieurs pays d’Afrique, elle s’est contentée d’infantiliser les peuples africains avec la rhétorique d’une manipulation russe. A en croire les autorités françaises, les Africains ne sont pas assez matures pour prendre des décisions éclairées. S’ils ne sont pas manipulés par le groupe paramilitaire Wagner, ils cherchent juste un bouc émissaire pour leurs malheurs.
En 2020, face aux mouvements de contestations de la présence militaire française qui grandissaient, le président Emmanuel Macron avait publiquement convoqué cinq dirigeants du Sahel a un sommet à Pau. A la sortie de cette rencontre, ces derniers avaient réaffirmé contre la volonté de leurs peuples, leur désir de maintenir les bases militaires sur leurs sols. Il s’agissait à l’époque des présidents Roch Marc Christian Kaboré (Burkina), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani (Mauritanie), Mahamadou Issoufou (Niger) et Idriss Déby Itno (Tchad).
Trois ans après cette rencontre de haut niveau, il y a eu des renversements de régimes dans 4 des 5 pays qui avaient souhaité maintenir leurs accords militaire avec Paris (Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso).
