Le coup d’état intervenu le 30 août au Gabon constitue une situation bien embarrassante pour les pays qui ont condamné le coup d’état du 26 juillet au Niger. La France qui a été particulières active dans la prise des sanctions contre les nouvelles autorités du Niger soutient toutes les décisions de la communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) y compris une intervention militaire pour « rétablir l’ordre constitutionnel » au Niger. Les autorités françaises qui disent tenir aux principes de la démocratie ont refusé de reconnaitre les militaires au pouvoir.
L’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté vit certainement les pires moments de sa carrière depuis qu’il a refusé sur instruction d’Emmanuel Macron de répondre à l’invitation du gouvernement nigérien. Paris refuse de discuter avec les putschistes. Conséquence, le diplomate français s’est barricadé à l’ambassade risquant une humiliante interpellation par la police nigérienne s’il quittait sa mission diplomatique. En effet Itté est a perdu tous les privilèges que la convention de Vienne lui reconnaissaient. Officiellement, il est expulsé par le gouvernement nigérien qui a pris toutes les mesures pour l’application de la décision.
L’attitude belliqueuse de Paris face aux autorités nigériennes surprend plus d’un. La France a rarement traîné avec des dirigeants démocrates sur le continent. Au Tchad, le président français Emmanuel Macron a personnellement effectué le déplacement de Njamena pour valider le coup d’Etat organisé par Mahmat Idriss Deby qui a pris le pouvoir après la mort de son père en violation totale de la constitution tchadienne. Au Gabon, jusqu’à un passé récent, la France a entretenu des relations amicales soutenue avec la dynastie des Bongo qui pie l’un des pays les plus riches de l’Afrique Centrale.
Situation difficile
Depuis l’annonce du coup d’état au Gabon, Paris fait la bouche fine. Emmanuel Macron ne s’est pas personnellement prononcé sur la question comme il l’a fait pour le Niger et le Mali. Ses collaborateurs ont dénoncé le putsch sans demander des sanctions contre les nouveaux maîtres du Gabon. Sans surprise, la France qui ne discute pas avec les dirigeants illégitimes, envoie son ambassadeur Alexis Lamek rencontrer le général putschiste OLIGUI NGUEMA. Sur les réseaux sociaux, les images de cette rencontre choquent une partie de l’opinion qui s’interroge sur la sincérité de la France en matière de promotion de la démocratie. La France se retrouve dans une situation délicate. Comment un pays qui est prête à entrer en guerre contre un Etat souverain au nom de la démocratie, peut justifier cette rencontre cordiale avec un général putschiste?
La France se serait rendue compte que ses échecs Mali, au Burkina ou encore au Niger n’étaient pas des cas isolé. Ne voulant pas perdre le Gabon où elle a de nombreux intérêts, elle ravale sa fierté en mettant de côté les principes et valeurs démocratiques qui lui sont pourtant si chers. Le chef de la diplomatie de l’Union Européenne de son côté a tenté de justifier le putsch en évoquant le caractère non transparent de la dernière présidentielle et la longévité des Bongo au pouvoir.
