
Les déclarations du président ghanéen Nana Akufo Addo lors de sa rencontre avec le secrétaire d’Etat Antony Blinken à Washington ont créé un incident diplomatique entre le Ghana et le Burkina Faso. En marge du sommet USA-Afrique, le président Ghanéen s’inquiétant de la menace terroriste en Afrique de l’ouest a déclaré que Burkina Faso a signé un accord avec Mali afin de déployer des éléments du groupe paramilitaire Wagner sur place. Akufo Addo livre en plus des détails sur le mode de rémunération des hommes de Wagner. Nous vous proposons d’écouter de l’écouter.
Audio avec Photo de Addo sous-ttiré en français (Aujourd’hui des mercenaires russes sont à notre frontière nord. Le Burkina Faso a conclu un accord avec le Mali pour employer les forces de Wagner sur place. Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été attribuée en guise de paiement pour leurs services. Le premier ministre du Burkina Faso s’est rendu à Moscou ces derniers jours.)
Les propos du président Ghanéen, même s’ils n’ont pas été démentis par les autorités Burkinè passent mal dans le pays des Hommes intègres. Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur a adressé une note de protestation à la République du Ghana. Le Gouvernement a également convoqué dans l’urgence l’ambassadeur du Ghana à Ouagadougou, mais aussi celui du Burkina Faso ambassadeur à Accra pour consultation.
Le Ministre délégué chargé de la Coopération régionale Karamoko Jean Marie TRAORE a indiqué au diplomate ghanéen Boniface Gambila ADAGBILA que le président ghanéen aurait pu entreprendre des échanges avec les autorités burkinabè sur la question sécuritaire afin d’avoir les bonnes informations.
« Il aurait été plus intéressant d’initier un dialogue entre les pays africains participants et non participants en prélude à ce sommet des États-Unis d’Amérique », a formulé le ministre burkinabé.
De son côté, l’ambassadeur du Ghana à Accra a tenté de dédramatiser la situation. Il a indiqué que cette sortie de son Président ne visait pas à condamner le Burkina Faso, ni à semer le doute dans les esprits, mais l’intention était surtout d’attirer l’attention des partenaires afin de susciter un grand intérêt à l’endroit du Burkina Faso. Du reste, « les propos du président Ghanéen étaient au conditionnel » a souligné Monsieur Boniface Gambila ADAGBILA.
NANA AKUFO ADDO : un président sous pression chez lui
Comment comprendre la sortie du président ghanéen Nana Akufo Ado ? Confronté à une crise financière inquiétante, le successeur de John Dramani Mahama est particulièrement impopulaire ces derniers mois dans son pays. Les nombreuses manifestations contre la vie chère au Ghana sont violemment réprimées. Le Ghana qui était un modèle de réussite dans la sous-région ouest-africaine croupit désormais sous une dette qui plombe son économie. L’inflation a dépassé 50 % en novembre, et le gouvernement consacre entre 70 % et 100 % de ses revenus au paiement des intérêts. Pour éviter le pire, le Ghana qui luttait pour son indépendance économique est contraint de recourir malgré lui à l’aide du Fonds monétaire international, FMI.
« Pour beaucoup, ce retournement de situation sonne comme un aveu d’échec de la part du gouvernement ghanéen dans son approche des questions économiques. Il est vrai qu’avant les dernières élections générales, il y avait des cas de dépenses irrégulières et de mauvaise gestion dans l’administration. Certains rapports évoquaient même des cas de corruption. Autant de signaux annonciateurs de la situation que nous connaissons aujourd’hui », explique Dr Daniel Armateye Anim-Prempeh, président de l’Institut agréé des analystes financiers et d’investissements du Ghana .
Sur le plan politique, le Ghana ne se porte pas mieux. La dernière élection présidentielle de 2020 a été contestée par le principal opposant John Dramani Mahama. De nombreux actes de violence ont été enregistré durant le scrutin. Les sorties à polémiques de Nana Akufo Addo ont éclipsé momentanément les crises politiques et économiques que traverse le Ghana.
COOPERATION MALI-BURKINA FASO : les lignes bougent
Revenons au Burkina Faso où le président de l’Assemblée nationale législative de transition Dr Ousmane Bougouma et une forte délégation ont effectué une mission en terre malienne pour apprendre de l’expérience des autorités maliennes. En effet, le Mali et le Burkina Faso font face à la menace terroriste entretenue par des forces étrangères. Les deux pays ont décidé de prendre en main leur destin en reposant leurs stratégies sur leurs ressources en interne.
« L’objet de nos échanges a porté sur la collaboration entre les deux pays frères dans les domaines socioéconomique mais aussi la coopération qui existe entre nos deux parlements. Nos deux pays partagent les mêmes réalités d’un point de vue géographique, d’un point de vue historique mais aussi les mêmes adversités. Il était tout à fait normal que nous venions en terre malienne apprendre de l’expérience malienne surtout sur le travail parlementaire. En matière de sécurité, il y a déjà une coopération qui est établie entre les deux pays et qui est appelée à se renforcer progressivement dans le temps », a déclaré Dr Ousmane Bougouma.
Avant cette visite du président de l’Assemblée nationale législative de transition, le président de la transition du Burkina Faso le capitaine Ibrahim Traoré s’était rendu le 02 novembre à Bamako où il s’était entretenu avec son homologue malien le colonel Assimi Goita. « La gestion de la frontière entre les deux pays, stabilité et sécurité au Sahel, coopération militaire conjointe entre Bamako et Ouagadougou » ont été entre autres, les sujets évoqués lors de cette rencontre.
SOLIDARITE : Geste du gouvernement en faveur des veuves des FDS
Toujours au Burkina Faso, le gouvernement fait de la situation des veuves des forces de défense et de sécurité, une priorité. Le ministère de l’Agriculture et des Ressources animales et halieutiques, a pris la décision de mettre en œuvre un projet de formation à la culture hors-sol qui accorde la priorité aux veuves des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des chauffeurs de convoi de ravitaillement tombés sur le champ de bataille. « Il s’agira d’organiser au profit de ces femmes, des formations en culture hors-sol, en irrigation, l’essentiel étant qu’elles parviennent, à partir de ces activités, à se prendre en charge », a déclaré le ministre de l’Agriculture et des Ressources animales et halieutiques, Dénis Ouédraogo.