
Le Burkina Faso n’est pas le seul à s’indigner après les propos tenus par le président ghanéen Nana Akufo Addo aux USA lors d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. Les insinuations faites par Akufo Addo sur une éventuelle présence du groupe Wagner au Burkina Faso passent mal au Ghana. Selon le député de la circonscription de Tongu-Nord, Samuel Okudzeto Ablakwa, les propos du président sont impardonnables.
« Il est tout à fait inutile et impardonnable pour une nation éminente et fondatrice du Mouvement des non-alignés de s’attirer délibérément les foudres de la Russie, du Burkina Faso et de leurs alliés, en particulier en cette période de turbulences géopolitiques et de rééquilibrage apparent de l’ordre mondial », a-t-il déclaré.
Le parlementaire s’est demandé pourquoi le président Akufo-Addo, qui, lors de cette même visite aux États-Unis, prônait la nécessité pour l’Afrique d’arrêter de mendier et de chercher en son sein des solutions à ses problèmes, n’a pas envisagé de résoudre le supposé problème Wagner au niveau de l’Union Africaine ou de la CEDEAO, mais a choisi de demander l’aide des Américains, qui ne sont pas les meilleurs amis des Russes.
De son côté Dr. Clement Apaak, député de Builsa Sud, estime qu’il était diplomatiquement peu judicieux pour le président Nana AKufo Ado d’avoir fait de tels commentaires. Il a également affirmé qu’en tant qu’ancien président de la CEDEAO, c’était malheureux et politiquement irresponsable de sa part. Dans une nouvelle publication sur son compte Twitter il s’interroge sur les qualités de diplomate du président qui fut ministre des affaires étrangères de son pays. « Akufo-Addo n’était-il pas ministre des Affaires étrangères ? N’était-il pas le président de la Cedeao ? Il ne sait donc pas que tout ne se dit pas publiquement ? », a-t-il twitté.
Déjà impopulaire à cause de la crise économique qui affecté le pouvoir d’achat des populations, Nana Addo a tendu la perche à ses détracteurs au parlement qui entendent ouvrir une enquête afin de faire la lumière sur ses déclarations. L’information est rapportée par le député du National Democratic Congress NDC, Haruna Iddrisu.
« J’ai des informations selon lesquelles notre Ranking Member des Affaires étrangères et les membres de la Commission des Affaires étrangères demanderont des détails brièvement au Parlement sur cette déclaration imprudente, irresponsable et non professionnelle du Président de notre République. S’il ne peut pas nous fournir de la nourriture, il ne devrait pas les laisser apporter du gaz sur notre pays », a déclaré le député et avocat.
Selon Haruna Iddrisu, le président est sur le point de créer une crise de politique étrangère pour le Ghana. « Le président Nana Akufo-Addo n’a pas seulement échoué en créant un désordre économique, mais il est également allé de l’avant pour créer ce que vous appellerez une crise de politique étrangère pour notre pays. Ceux d’entre vous qui ont écouté le président Akufo-Addo, l’ancien ministre des affaires étrangères de notre République et l’ancien procureur général, ont constaté qu’il a tout simplement échoué momentanément à contrôler ses impulsions et à assurer l’équilibre entre la politique étrangère et la sécurité de notre État lorsqu’il a ouvertement condamné le Burkina Faso et mentionné le groupe WAGNER de Russie», a-t-il ajouté.
Pour rappel , lors de son séjour américain dans le cadre du sommet USA-Afrique, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a indiqué que le Burkina Faso a signé un accord avec le Mali pour l’intervention sur le sol burkinabè du groupe Wagner.
« Aujourd’hui des mercenaires russes sont à notre frontière nord. Le Burkina Faso a conclu un accord avec le Mali pour employer les forces de Wagner sur place. Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été attribuée en guise de paiement pour leurs services. Le premier ministre du Burkina Faso s’est rendu à Moscou ces derniers jours », a déclaré le dirigeant ghanéen. Ces propos ont été condamnés par le Burkina Faso qui a immédiatement convoqué l’ambassadeur du Ghana à Ouagdougou et rappelé pour consultation celui du Burkina Foso à Accra.