Le 10 juillet 2022, les autorités sécuritaires de la République du Mali ont arrêté à Bamako 49 militaires ivoiriens soupçonnés d’être des mercenaires. Malgré les explications des autorités ivoiriennes qui soutiennent que les 49 militaires se retrouvent au Mali, dans le cadre des opérations des Éléments Nationaux de Soutien (NSE) des Nations Unies, la justice malienne est passée à la vitesse supérieure en inculpant ceux-ci pour ‘tentative d’atteinte à la sûreté de l’État’ avant de les placés sous mandat de dépôt.
A Abidjan, Alassane Ouatara estime que ses militaires sont injustement arrêtés par Bamako et réclame leur libération immédiate. La médiation togolaise sous l’égide du président Faure Gnassingbé a permis de faire descendre momentanément la température. Le 03 septembre 2022, 3 femmes soldats rejoignent la Côte d’Ivoire après leur libération. Abidjan de son côté, reconnait quelques jours plus tard que des « manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet évènement fortement regrettable ».
L’accalmie aura été de courte durée. Abidjan accuse Bamako de prendre en otage les 46 militaires ivoiriens. Des sources en Côte d’Ivoire indiquent que les autorités maliennes font de l’extradition de personnalités politiques maliennes vivant à Abidjan une condition pour la libération des soldats ivoiriens. Dans la foulée, un sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO est convoqué le 22 septembre à New York en marge de la 77ème Assemblée générale des Nations Unies. La Cedeo condamne l’incarcération continue des soldats ivoiriens et réclame leur libération immédiate. Elle annonce l’envoi d’une mission de haut niveau composée des Chefs d’état du Ghana, du Sénégal et du Togo à l’effet de la libération des soldats ivoiriens. Les présidents Faure Gnassingbe du Togo et Macky Sall du Sénégal, bien au parfum du dossier des 46 militaires ivoiriens n’ont pas fait le déplacement. La mission finalement composée des présidents ghanéen et gambien Nana Akufo-Addo et Adama Barrow ainsi que le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey n’ont pas réussi à obtenir la libération des soldats ivoiriens comme annoncé.
Entre temps, le ton monte entre Abidjan et Bamako. Les deux parties ont profité de la tribune des Nations Unies pour se régler des comptes.
Depuis, c’est le statuquo. L’affaire des 46 soldats ivoiriens ne fait plus la une des médias. Plus de 3 mois après l’arrestation des soldats ivoiriens, leur libération immédiate annoncée à plusieurs reprises par le président ivoirien Alassane Ouattara ne semble plus être à l’ordre du jour.
Comment peut-on expliquer que des soldats qui se disent en mission pour les Nations Unies peuvent-ils être maintenu en détention aussi longtemps ? Comment les Nations Unies gèrent généralement ces cas de figure ?
En République centrafricaine, 4 soldats français de la mission de l’ONU en Centrafrique (Munusca) ont été arrêté le 21 février 2022 à l’aéroport de Bangui en possession de plusieurs armes. Ils ont été libérés le 24 février soit moins 4 jours après leur arrestation. « Ces membres de la Minusca bénéficient de privilèges et d’immunités qui leur sont accordés dans l’intérêt de l’Organisation des Nations Unies », avait déclaré le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres.
Au Mali la situation semble plus complexe. Selon les autorités maliennes, la MINUSMA, via une note verbale en date du 22 juillet 2022 a clairement indique qu’il n’existe pas de lien entre les 46 mercenaires et les Nations Unies.
Le secrétaire général des nations unies Antonio Guterres lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision France 24 a indiqué que les 46 militaires ivoiriens n’étaient pas des mercenaires. Il n’a cependant pas démenti ses collègues de la Minusma qui ont établi que les soldats en question ne faisaient pas partie des Éléments Nationaux de Soutien (NSE) des Nations Unies.
La décision des autorités ivoiriennes de retirer progressivement leurs troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) illustre les relations complexes entre les deux pays frontaliers qui peinent à trouver un terrain d’entente sur l’affaire des 46 militaires ivoiriens.